Résumé
Dominique Loreau est allée à la rencontre de personnes et d’animaux qui se côtoient dans des élevages, sur le terrain d’une éthologue, dans des abattoirs, dans des zoos et des musées, dans une ville, dans une salle de répétition de danse, lors d’une performance d’un acteur se transformant en animal. Elle filme les regards des animaux sur les humains et ceux des humains sur les animaux. Puis elle filme les regards, parfois furtifs, des animaux sur elle. Des regards qui ouvrent sur d’autres mondes, énigmatiques et qui prouvent que la frontière qui nous sépare est bien perméable…
L'avis de Tënk
Comment ne pas penser aux Oiseaux de Hitchcock, à la vue de ces corneilles menaçantes perchées sur les toits de Bruxelles ? Lors d’une séquence d’introduction subtilement montée, Dominique Loreau s’amuse de nos représentations des animaux pour mieux les déconstruire au long d’un documentaire au titre programmatique. En cinéaste éthologue, disciple de la philosophe belge Vinciane Despret, elle prend le temps de l’observation et aligne son pas sur celui des bêtes filmées. Se laisser surprendre par ce que les images captent et les prises de son racontent plutôt que de se laisser porter par nos idées préconçues c’est tout l’enjeu du cinéma de Dominique Loreau et, ici encore, la magie opère. S’interroger sur les comportements des animaux et penser la relation à l’humain à travers leur propre regard, c’est accepter le risque de l’interprétation erronée, c’est aussi nous offrir l’occasion de nouvelles manières de penser.
Pauline David
Programmatrice, directrice du festival En ville ! (Bruxelles)