Résumé
“Ma soeur Joke, de deux ans et demi mon aînée, est morte d’un cancer le 8 août 1997. Huit jours avant sa mort, ma femme Noshka et moi avions eu une longue conversation avec elle et que j’ai filmée avec une caméra vidéo digitale. Deux jours avant sa mort, j’ai filmé une deuxième conversation, courte cette fois-ci, avec elle. J’avais demandé à Joke, non sans une certaine timidité, la permission de la filmer. Le film s’est avéré être son dernier “projet”, d’une très grande importance pour elle. Juste avant qu’elle ne meure en notre présence, elle me demanda encore si j’avais bien pu réaliser toutes les prises de vue dont j’avais besoin.” (Johan van der Keuken)
L'avis de Tënk
Les derniers mots … C’est sa sœur… Il est derrière la caméra, on l’entend acquiescer, interroger Joke qui a un cancer et qui va mourir sans doute. Ces images que nous voyons sont au présent mais anticipent le scénario fatal. Le film lutte contre le présent éternel qu’est le cinéma pour qu’apparaisse le tragique. Le présent peut-il nous donner la légende au moment où elle s’écrit ? Au fil de la conversation, l’histoire de ce frère et de cette sœur surgit comme un roman du passé. Un plan résume toute l’émotion de cette quête effrénée : Johan van der Keuken filme sa nièce au-dessus d’un orchestre qui joue et dont elle s’occupe. La caméra se déplace autour d’elle, cherchant comment la filmer, nous sentons le cinéaste et sa nièce au plus présent du tournage. Un peu gênée, elle raconte son travail : la logistique de l’orchestre, et la musique continue derrière elle. Que dire ? Comment apparaître dans le film de la mort de sa mère ? Cette question bouleversante défie le cinéma qui atteint ici les sommets de l’Art.
Claire Simon
Réalisatrice