Résumé
Une équipe de télévision tourne dans les rues de Cali à la recherche de pauvres, de clochards, de putes, d’enfants des rues, afin de construire une mise en scène de la misère. Un film d’action parodiant un documentaire sur les cinéastes qui exploitent la pauvreté à des fins commerciales.
L'avis de Tënk
Dernier film et chef-d'œuvre du Grupo de Cali. Déguisé comme un making-of d'un documentaire tourné par des cinéastes colombiens sans scrupule, Agarrando pueblo attaque frontalement les réalisateurs qui vont dans les pays du Tiers-monde pour filmer la pauvreté, pour ensuite aller vendre leurs sales images dans les pays riches. Mayolo et Ospina dénoncent avec sarcasme et férocité les films qui titillent le goût voyeuriste des spectateurs occidentaux. Pour eux, gauchistes engagés parachutés dans les bidonvilles et télé occidentales réactionnaires et vampiriques participent au même grand banquet de la pauvreté : la « porno-misère ». Avec ce film sanglant et complexe, déconstruction à la fois du cinéma directe et du reportage, le Grupo de Cali se dissout, en ayant touché en premier à un problème de représentation capitale qui nous regarde encore aujourd'hui.
Federico Rossin
Historien du cinéma, programmateur indépendant