Quand on découvre ce film de Mario Marret, on se demande pourquoi il n'est pas un classique de l'histoire du cinéma, figurant par exemple dans les programmes à destination du jeune public – sans qu'il convienne d'en faire seulement une œuvre pour les enfants. C'est un film qui a tout, à commencer par l'extraordinaire beauté qui découle de sa vision. Passons sur le sens du cadre et insistons sur le travail avec la lumière polaire, franche et coupante, les jeux de brillance sur le paysage et le pelage des animaux. Et puis s'exprime un talent de conteur digne des films de Jean Painlevé, auquel on pense par la qualité littéraire du commentaire et la diction « d'époque ». Aussi avec non pas un anthropomorphisme au premier degré mais un jeu avec l'anthropomorphisme – en faire et tout à la fois s'amuser d'en faire. De cette observation animale naît une émouvante et drolatique exploration de la vie en société, qui ne concerne évidemment pas seulement les manchots empereurs sur la banquise.

Arnaud Hée
Programmateur, enseignant et critique