Résumé
Les “chebabs” de Yarmouk, c’est avant tout une bande de potes, qui se connaissent depuis l’adolescence… Dans le plus grand camp de réfugiés palestiniens du Moyen-Orient, créé en Syrie en 1957, ils partagent leur quotidien, se cherchent un avenir. Troisième génération d’exilés, ils ne rêvent plus du retour en Palestine. Mais leur soif de vivre, leur désir de révolte se heurtent aux murs du camp. Au seuil de choix existentiels, l’Histoire les rattrape à nouveau. En mars 2011, éclate la Révolution en Syrie. Le camp sera en grande partie détruit, leur vie bouleversée. Le film, tourné juste avant, cristallise leurs derniers moments, ensemble, à Yarmouk.
L'avis de Tënk
On retient son souffle en regardant "Les Chebabs de Yarmouk". La caméra d'Axel Salvatori-Sinz réussit à saisir l'intimité d'une jeunesse qui étouffe, prise dans l'enchevêtrement des tentes de réfugiés devenues immeubles de béton et où chaque génération rajoute un étage. Prisonniers du camp, les Chebabs cherchent de l'air sur les toits, toujours plus hauts. Ils tentent d'échapper au service militaire, d'obtenir un visa. Partir ou rester ? Ils ont surtout le désir de trouver leur place, la liberté. La suite, racontée dans "194, nous, enfants du camp" de Samer Salameh, sera la guerre en Syrie et la destruction totale de Yarmouk. Tous ses habitants, et en premier lieu les personnages communs aux deux œuvres, sont aujourd'hui partis, enfuis ou morts. Reste ce très beau film, instantané d'un moment révolu. Une archive d'une apnée avant la catastrophe.
Eva Tourrent
Réalisatrice, responsable artistique de Tënk