Résumé
De Saint-Tropez à Nice, promenade documentaire sur la Côte d’Azur. Commandé par l’Office du tourisme et sur une musique de Georges Delerue, le film se transforme peu à peu en essai poétique, non sans une teinte d’ironie.
L'avis de Tënk
A priori, il serait tentant de croire que Du côté de la côte d’Agnès Varda est un simple film touristique destiné à faire la promotion des splendeurs exotiques de la Côte d’Azur (il s’agit d’ailleurs d’une commande de l’Office du tourisme français). C’est en réalité un film beaucoup plus subtil et subversif qu’il en a l’air. En passant par Nice, Cannes et Saint-Tropez, Varda remplit son mandat en photographiant de façon sublime les attraits de cette région du Sud de la France et sa faune touristique tout aussi colorée. Car ce n’est pas la population locale qui nous intéresse ici, mais bien cette masse qui migre vers la côte chaque année, en quête d’un certain Éden, et ce, depuis des décennies. La cinéaste dresse d’ailleurs un inventaire assez impressionnant des nombreux artistes ayant eux-mêmes visité la côte en quête d’inspiration au fil des ans, que ce soit Nietzsche ou Matisse, pour ne nommer que ceux-là. L’architecture y tient également un rôle important et témoigne de la hiérarchisation du tourisme - car il y a bien une hiérarchie du tourisme ; les nombreuses villas et grands hôtels qui peuplent la côte en sont la preuve. En filmant, par exemple, une série de clôtures et de barrières se refermant sur le décor idyllique d’immenses jardins privés, Varda nous rappelle que l’accès à ces lieux de villégiature est réservé à une poignée de privilégiés, et que, « si ces rêveries sont collectives, les jardins ne sont pas publics. Le faux éden n’est pas pour nous, non plus que l’Éden ».
Frédéric Savard
Archiviste et programmateur