Résumé
Tourné dans la vallée de la Verzasca dans le Tessin – territoire habituellement connu pour ses paysages verdoyants –, Le pietre non volano (« les pierres ne volent pas ») débute par la découverte d’un paysage désertique où des enfants jouent à cache-cache. Les restes de murs de pierres sèches et quelques objets abandonnés semblent témoigner d’une civilisation depuis longtemps évaporée. Là, l’imaginaire de Francesca, cinq ans, se mêle au gré du film à la dureté de son environnement.
L'avis de Tënk
Les pierres ne volent pas, c'est bien connu. Les poissons ne ressuscitent pas à la faveur d'un bain dans une fontaine de village, c'est entendu. Mais dans l'univers aride et austère où vit Francesca, la poésie l'emporte sur tout et l'imaginaire recompose à loisir l'ordinaire. À travers des fragments du quotidien de cette enfant, ce film déploie un conte sensible invitant à observer autant la confrontation de la nature au gigantisme de travaux humains, que la simplicité d'une vie de village perdurant loin de tout. Remarquable par sa maîtrise des plans et des images – comme par sa façon de résister à leur potentiel spectaculaire –, Le pietre non volano est également porté par un travail sonore au cordeau. En accentuant l'immersion dans ce bout de territoire arpenté par Francesca, l'attention aux sons de l'environnement naturel rappelle la permanence de certains éléments et l'impermanence d'autres. Les pierres ne volent pas, c'est entendu, mais (qui sait ?) peut-être nous parlent-elles ?
Caroline Châtelet
journaliste, critique dramatique