Résumé
Un cinéaste amateur a filmé des ours pendant des années. Il contacte une école de cinéma à la recherche d’une personne pour monter un film avec ses images. Une étudiante répond à l’appel. Mais en numérisant les cassettes vidéos, elle découvre qu’il n’y a pas que des ours sur les bandes magnétiques. Un questionnement s’engage alors sur le pouvoir du regard et sa violence voyeuriste.
L'avis de Tënk
Ç'aurait pu être un documentaire animalier, simplement. Sauf que dérushant les vidéos d'ours et celles de divers animaux, Morgane Frund se trouve confrontée à d'autres images, qu'elle ne peut éluder. C'est, donc, aussi avec ces vidéos de jeunes femmes filmées à leur insu que la réalisatrice va travailler, interrogeant autant Urs sur son voyeurisme que sa propre situation de femme soumise en permanence au male gaze. Lui va demeurer obsédé par l'idée que ses images soient vues, elle va s'attacher à le confronter à son déni et à sa façon de s'auto-disculper. Si le rapport de classe entre le filmeur et la jeune cinéaste ne peut être totalement évacué, Ours devient le lieu d'un échange entre les deux protagonistes. Outre la question du rapport de pouvoir (et de son possible retournement), le film interroge la puissance des images (auxquelles « on ne pose jamais assez de questions ») comme l'éthique de la relation entre filmeur et filmé.
Caroline Châtelet
journaliste, critique dramatique