« Le chaman d’Instagram »… Si elle ne suscite pas la curiosité, l’expression éveille alors la suspicion. C’est pourtant à lui que fait appel Anna Biriulina pour se débarrasser de la malédiction que porte sa famille tatar, personnifiée par le démon Ubir, qui lui rend visite dans ses rêves.
Dès les premières images, elle nous embarque dans cette aventure baroque par un mélange vertigineux d’archives, dont le sens parfois nous échappe, et d’images numériques aux codes internets qui nous sont familiers.
Tel son chaman, elle n’hésite pas à mettre ses outils et son langage contemporains au service de la transmission ancestrale. Seulement, à la différence de celui-ci, son manque de connaissances réelles sur le sujet est assumé.
Cette approche se concrétise par un travail d’animation bluffant qui traverse le film, et par lequel elle construit un rapport à la culture de ses ancêtres qui ne peut être que fictif, nourrissant le monde des Tatars imaginaires. 

Benjamin Hollis
Chargé de communication digitale de Tënk