Résumé
Zou raconte le chemin d’un homme avec une jambe en moins qui avance plus intensément qu’un homme valide. La jambe amputée, membre fantôme qu’il peut encore bouger dans sa tête, est le pivot de cette histoire. À la fois trace de la guerre qui lui a fait perdre la plupart des membres de sa famille et l’a forcé à fuir son pays, à la fois frein à son exode qui lui a rendu la marche douloureuse et plus laborieuse que n’importe lequel de ses compagnons de route, c’est aussi le point d’appui pour son intégration dans un nouveau territoire.
L'avis de Tënk
Deux hommes se rencontrent et s'entendent ; l'un a besoin d'aide, l'autre l'accueille. C'est cette histoire qui nous est contée. Mais aussi celle du trajet qu'a parcouru le premier, Ahmad Shah, venu d'Afghanistan en claudiquant. Amputé d'une jambe par une mine, et de son pays par l'exil. Les deux hommes se rencontrent et alors la bonté irrigue le film. Elle anime ses personnages, de chair ou de papier. Zou parle de bonté. Et il le fait avec une forme pleine de générosité. Peut-être fallait-il cela, du papier, du carton, des coups de ciseaux, quelque chose de joueur, de la minutie, pour porter les voix de nos deux personnages et mieux nous faire entendre leur histoire. Le soin qu'ils ont l'un pour l'autre. Le soin d'Ahmad Shah lorsqu'il travaille de ses mains… C'est aussi avec soin que le film s'adresse au spectateur – avec une sorte de bonté, oui.
Et puis aussi, il y a une chorale sublime, à la fin. Le personnage claudique toujours, mais quelque chose est apaisé.
Jérémie Jorrand
Responsable de l'éditorial et de la programmation de Tënk