Résumé
1967 : près de 100.000 jeunes déferlent spontanément à San Francisco pour changer de vie, et tenter de dépoussiérer le vieux monde. C’est le "Summer of Love". 1969 : Woodstock et la naissance des festivals, symboles forts de la contre-culture et de l’anti-capitalisme. 50 ans plus tard : les festivals ont pris la forme ultime d’industrie culturelle ; et ses festivalier·ères, celle de la masse qui les consomme de manière passive. Peut-on encore vivre une expérience spirituelle dans ces nouveaux sanctuaires de consommation ? Les spectateur·rices réussissent-il·elles à créer leur propre expérience subversive comme autant d’individus constituant une masse ? Ces questions ont animé (LA)HORDE tout au long du tournage. Tout en scannant la foule avec leurs caméras, il·elles ont capturé la grâce certaine que le rassemblement possédait. Et des moments suspendus inattendus ont fait osciller le propos entre paganisme désenchanté et spiritualité animale, liesse et inquiétude, extase et descente, désenchantement et lumière.
L'avis de Tënk
Qu’est-ce qu’un corps ? Qu’est-ce qu’un corps qui danse ? Qu’est-ce qu’une foule ? Qu’est-ce qu’un rituel ? C’est peut-être à toutes ces questions que le collectif (LA)HORDE tente de répondre depuis plusieurs années, à travers son travail plasticien et surtout chorégraphique. Le passage de l'espace de la scène au cinéma leur permet d'esquisser des réponses passionnantes. Ils inventent ici un dispositif dans lequel ils injectent dans une foule bigarrée et en pleine montée (à l’occasion des Eurockéennes de Belfort) des personnages, danseuses et danseurs, qui, tels des vigies, observent ce laboratoire social qu’est un festival. Tour à tour stricte expérience formelle, proche du tableau vivant, ou documentaire sur le vif, fabuleuse contreplongée sur le public, "Cultes" se vit, se ressent, et donne surtout une folle envie de se livrer aux joies du stage-diving au ralenti, en hurlant sa liberté retrouvée.
Benoît Hické
Programmateur et enseignant