Résumé
Artiste et DJ ayant créé en 2020 son premier projet solo sous son nom, Vikken est transgenre. Il s’apprête à prendre des hormones pour la première fois. Il enregistre sa voix qui va disparaître, et convoque les figures du passé du monde entier pour un dialogue intime avec lui-même.
L'avis de Tënk
Sur une scène, des Drag Kings performent au ralenti. Sapés selon des archétypes de la masculinité – ouvrier de chantier, aristocrate, surfeur, etc. –, ils pastichent avec humour des postures virilistes. Tandis qu'ils cheminent vers une chorégraphie chorale, Vikken égrène en voix-off une liste. Liste de noms (Abbé de Choisy, Jeanne d'Arc, etc.) et de peuples (Yakoutes, Navajos, etc.) ayant fait fi de la binarité de genres. Suivent des images au plus près de Vikken dans sa salle de bain. Alors qu'il se prépare pour une autre scène (où il assurera un DJ set), son témoignage en voix-off se fait plus intime. Ce monologue intégrant (ou mixant) les modulations de sa voix – enregistrée entre 2015 et 2020 – au fil de sa prise d'hormones est autant un adieu à Véronique qu'une critique en règle des violences faites aux personnes transgenres : rigidité administrative, psychiatrisation, assignations, etc. D'une partie à l'autre, c'est le même rappel de la brutalité de notre société ultra-normative.
Caroline Châtelet
journaliste, critique dramatique