Après avoir donné la parole aux hommes lors d’avortements (La Place de l’homme), la réalisatrice Coline Grando fait à nouveau un pas de côté en filmant cette fois celles et ceux qui passent après nous, rendent notre cadre de vie agréable et propre. En un mot vivable. Son dispositif est original : elle organise des groupes de parole où se rencontrent travailleur·ses d’hier et d’aujourd’hui. Les époques ont changé, les cadences aussi. Pourtant, la parole circule, chemine. Les récits font échos. À l’expérience coopérative passée répond le système actuel, celui de la sous-traitance et des appels d’offre. Une société capitaliste où la place donnée au care dépasse largement la question du ménage, en témoignent ces mots de cette ancienne aide soignante qui a préféré devenir femme de ménage : « On lave peut-être pas une table aujourd’hui mais c’est une table, pas un humain. » On en sort avec l’envie de lutter et d’agir ensemble, de mettre un coup de pied dans le tas de poussière et, pourquoi pas devenir son propre patron !

Éva Tourrent
Responsable artistique de Tënk