En 1996, à la sortie du film Ponette de Jacques Doillon, la jeune actrice Victoire Thivisol (quatre ans au moment du tournage) reçut le prix d’interprétation de la Mostra de Venise sous les sifflets d’une partie du public, arguant “l’inconscience” d’un si petit enfant et que l’on ne pouvait parler d’interprétation. À tous ces siffleurs on ne saurait que trop conseiller de regarder ce Jouer Ponette tant le travail accompli par Victoire Thivisol y est patent. La réalisatrice Jeanne Crépeau, par un dispositif minimaliste, nous place littéralement au cœur des prises : c’est à travers le combo (l’écran de contrôle pour le réalisateur, en vidéo noir et blanc) que nous suivons chacune d’elles, les répétitions, les tâtonnements et les variations, les échecs et les aboutissements. Rares sont les films à nous placer ainsi avec une telle abnégation dans l’œil de la caméra, du jeu et de la mise en scène.

Sylvain Bich
Projectionniste