Après sa plongée dans les rouages du parlement suisse ("Le Génie helvétique") et de la justice américaine ("Cleveland contre Wall Street"), Jean-Stéphane Bron nous signifie dès les premières images – un drapeau tricolore hissé sur un toit – qu'il nous amène là où se joue une part du prestige de la France. Depuis ses coulisses, l'Opéra de Paris prend des allures de fourmilière autant que de paquebot. Nous voilà aussi bien aux côtés d'un directeur-capitaine, que du jeune ténor russe qui doit faire ses preuves, et surtout de la myriade de petits métiers nécessaires au fonctionnement de la machine. Et on est emporté dans ce tourbillon fait d'efforts et d'intrigues, où destins individuels et collectif s'entremêlent. À tout instant, un rhume ou un préavis de grève peut empêcher la représentation et réduire à néant les efforts de tous. Bron rend ainsi visible tout ce qui permet in fine la grâce et l'émotion, du grand spectacle assurément.

Éva Tourrent
Responsable artistique de Tënk