Résumé
Décembre 1969, Thelonious Monk arrive à Paris. Avant son concert du soir, il enregistre une émission pour la télévision française. Les rushes qui ont été conservés nous montrent un Thelonious Monk rare, proche, en proie à la violente fabrique de stéréotypes dont il tente de s’échapper. Le film devient la traversée de ce grand artiste, qui voudrait n’exister que pour sa musique. Et le portrait en creux d’une machine médiatique aussi ridicule que révoltante.
L'avis de Tënk
Retour sur un maître qui passe à la moulinette : Thelonious Monk ne désire que jouer. Jouer le jeu médiatique, non, cela lui est complètement étranger. Dans cette chronique d’un désastre annoncé Gomis rejoue la partie. En jeu : La figure de ce créateur singulier, inimitable, indomptable entre tous ; en face le monde télévisuel représenté par Henri Renaud, pétri d’admiration face à cette figure majeure, qu’il côtoie de longue date. Gomis retraite tous les rushes de l’émission, non pas analytiquement, mais en symbiose avec l’énergie monkienne, rejoue le décalage terrible qui relie le créateur et son admirateur, irrémédiablement « à côté de la plaque », comme l’ont dépeint autrement Cortázar (L’Homme à l’affût) ou Tavernier (Au bout de minuit).
Et parallèlement, apparent paradoxe, ce film sème l’épiphanie à chaque plage de musique filmée.
François Waledisch
Ingénieur du son
