Résumé
Le Marcheur est ouvrier dans une usine aviaire. Dégoûté par son travail abject, il se met en marche et trouve refuge parmi des manifestants. Errant, il dilue sa colère dans la leur
L'avis de Tënk
Les gens ont des grosses mains. Le marcheur a des grosses bottes peintes à gros traits. Il les balade dans des tas de tâches de couleurs. Il se tire, il s'en va, se fait la malle. Les choses sont là puis disparaissent, puis reviennent au regard au détour d'un mouvement. Parfois un homme n'est qu'une cigarette, ou qu'un nez. Tout bouge, tout est un peu incertain, instable.
On apprend ici le mot cryptokinographie. Littéralement "écriture cachée dans le mouvement" : un type d'animation qui se passe des détails, qui s'il le faut saute des étapes et oublie des morceaux des gens et des objets. Qui pousse à l'extrême l'idée de persistance rétinienne, jusqu'à en faire une persistance de l'idée même des choses, pour s'en jouer de manière expressive. Le Marcheur est ainsi, on le suit dans un monde fait de petits bouts. On se raccroche comme on peut, ce monde est incertain. C'est incertain, quand on fuit.
Jérémie Jorrand
Responsable de l'éditorial et de la programmation de Tënk