Élection présidentielle 2017. Bastien mouille la chemise en lançant la campagne YouTube du n°2 du Front National. L’amateurisme du truc fait le buzz et Bastien prend du galon. Il rêve de gloire et enfile le costume de la dédiabolisation. Las, son passé de skinhead lui colle à la peau et il commence à se faire des nœuds au cerveau. Il a beau faire, il n’a pas l’habit de cette caste collet monté dont la manigance pour des places et un peu d’argent le dégoûte, alors que lui agit par conviction. Quitte à taper du poing et pas que sur la table. La venue de la candidate sur ses terres picardes pour flatter le gréviste lui remet des (nœuds) papillons au ventre mais n’évite pas qu’elle se fasse tailler un costard au second tour.
Le film de Chaillou et Théry choisit une narration au passé ouvertement littéraire, comme le conte moral d’une odyssée incertaine dont le protagoniste apparaît troublé par son propre récit, ni repenti, ni salaud intégral. Et le spectateur, sept ans après, ressort, lui, la gorge nouée de constater la réussite actuelle de cet échec électoral séminal.

Frédéric Blacher
Responsable du développement commercial de Tënk