Les films de Jérôme Clément-Wilz flirtent toujours avec le grand reportage, avec le (beau) souci de restituer le nuancier d'émotions que ses rencontres génèrent. Être cheval était au départ pensé comme un road-movie qui aurait suivi le voyage initiatique de Karen Chessman aux États Unis. Ces 250 heures de rushes ont été délaissées au profit de séquences tournées en Floride chez Foxy Davis, le dresseur, démiurge de cette fable contemporaine. Sa mission : permettre à Karen d'accéder à son désir le plus impérieux, c'est-à-dire à son cheval intérieur. Au-delà d'un documentaire instructif sur la pratique du « pony-play » (variante du BDSM située quelque part entre le « bondage » et le « shibari », dans son versant équestre), ce film évite avec une grande finesse l'écueil qui aurait consisté à rester trop littéral ou au ras du sabot. La détermination de Karen à éprouver sa liberté en décidant de se faire dresser force le respect. Être cheval est ainsi un manifeste très libre en faveur de l'auto-détermination et surtout un grand film d'aventures. 

Benoît Hické
Programmateur et enseignant