Résumé
Aux portes du Sahara se dresse la Maison du Migrant, tel un refuge pour celles et ceux en route vers l’Europe ou sur le retour. Ici, ils et elles font face à leurs propres histoires de migration. Que ressent-on, de quoi a-t-on besoin, lorsque nos rêves ont été enfouis dans le sable ou attendent d’être vécus ?
L'avis de Tënk
Le pathos n’intéresse pas Ousmane Samassékou. Plus qu’un document, il propose une méditation, un film balayé par le vent du désert, une musique bourdonnante, du sable qui rougit peu à peu du sang des vies gâchées, des arbres isolés, des bâtiments en ruines qui accueillent de terribles récits. Au montage, la décision a été prise de le centrer sur trois femmes : Natacha et surtout Esther et Kadi, 16 ans. Samassékou capte leurs discussions et leurs gestes, nous les rendant familières. Partir pour vivre sa vie. Il s’agit avant tout de comprendre les motifs, d’écouter les traumatismes, et notamment la détresse. Pas de mise en scène mais filmer longtemps pour attendre que viennent les moments les plus signifiants. Il est très frappant de voir ainsi des êtres se dévoiler en profondeur, dans la pleine conscience d’être filmés. Le film vibre de cette patience, cette empathie, cette tendresse qui ne s’invente pas et qui fait qu’on n’oublie pas ces êtres qui doivent décider s’ils tentent l’aventure.
Olivier Barlet
Critique de cinéma et rédacteur pour Africultures