Résumé
Dans mon village aux confins du désert tchadien, il existe une cérémonie traditionnelle qui oblige les femmes restées trop longtemps célibataires à choisir leurs maris pour conjurer certains sorts. En ces temps de révolte féminine, c’est l’occasion de prendre en considération les droits de la femme dans nos sociétés patriarcales. Remise en question des relations homme/femme, conflits générationnels, contestation de l’autorité, désirs de liberté vont modifier le cours tranquille de la communauté.
L'avis de Tënk
Boutelfil est le village natal de Kader Allamine : il a l'ancrage nécessaire pour glisser sa caméra dans les réunions de notables. Il capte la parole des hommes mais aussi celle des femmes qui parviennent à s’y incruster et usent d’humour et d’inventivité pour se faire entendre. Et il va les voir ensuite pour approfondir, témoignant d'un grand respect. C’est savoureux et surtout d’une profonde actualité : comment les hommes imposent une tradition qui leur est favorable, comment les femmes résistent pour développer leur autonomie. Avec l'Amichilini, les femmes sont obligées de choisir un mari, même si elles ne veulent pas. « Pour réussir, il faut savoir trahir », disait Soma dans Yeelen de Souleymane Cissé. Mais face à la violence du patriarcat, ne reste que la ruse. Au fin fond du Tchad, malgré les limites de leur capacité d'agir, l'indocilité des femmes construit leur liberté.
Olivier Barlet
Critique de cinéma et rédacteur pour Africultures