Résumé
Sur l’île de La Réunion, à l’abri des regards, vit une famille de coupeurs de cannes aux racines malgaches, africaines et indiennes. Anélia, 10 ans, vit là-bas avec ses proches. Parmi eux, sa grand-mère communique avec les ancêtres. À la nuit tombante, alors que les enfants jouent à cache-cache dans la forêt, un chien errant surgit à l’heure où les âmes errantes aiment se répandre. Le chien se transforme en oiseau, Anélia pense à son père mort avant l’heure, tandis que sa grand-mère organise une grande cérémonie qui honore les morts.
L'avis de Tënk
Des cases en tôle où se côtoient écrans plats, voitures en panne, autels aux ancêtres et où vivent toutes les générations… Plus de dix années se sont écoulées entre la rencontre d'Esther Mazowiecki avec l'univers syncrétique de la famille Bomata et la réalisation d'un film. Il résulte de ce temps, une approche sensible, jamais folklorique ni exotique. "Parler des dieux, ce n'est pas bon, ça risque de les contrarier", explique Papa Botama. Car à l'île de la Réunion, on ne parle pas des "bébêtes", ces esprits qui rodent la nuit, ni des âmes qui sont toujours là. Et c'est la force de ce film : réussir à nous faire approcher cette culture et ces croyances discrètes qui plongent leurs racines dans l'époque esclavagiste. La complicité des membres de cette famille, le recours à la mise en scène et à la fiction, les rituels et scènes de transes, nous font penser à Jean Rouch. Ici, c'est le cinéma qui agit et nous révèle un peu de la part méconnue de ce territoire français à la puissance tellurique.
Éva Tourrent
Responsable artistique de Tënk