Résumé
Entre Lens, Sallaumines et Lievin, des stages de formation et de réalisation de cinéma direct ont été mis en place par Pierre Gurgand et l’institut National d’Education Populaire entre 1976 et 1983. Logés dans un Coron, loué à l’année par l’INEP, les étudiants ont pu tourner, ces années durant, des centaines d’heures de rush au milieu des mineurs. « Dans l’équipe, certains tiennent pour la première fois une caméra, pour tenter d’émulsionner avant qu’elle ne disparaisse l’histoire des houillères. […] La fragilité des images, entre surexposition, flous et filages, fait surgir l’humain comme une apparition ». (Aaron Sievers)
L'avis de Tënk
En 2003. Pierre Gurgand vient de décéder et Aaron Sievers se voit confier ces trente heures d’images et deux cents heures de sons. Deux ans auparavant, les deux complices s’étaient rencontrés à Marseille et, à la demande de Pierre Gurgand, avaient commencé d’écumer les visages et les paroles de l’oubli. Dès lors et pendant huit ans, Aaron Sievers cherche, triture, assemble. Dans la salle de montage, il a le sentiment « de toucher les visages et les mains de ces hommes, d’être habité par eux ». De cette rencontre initiale est alors né ce film. Tout en travaillant la matière brute des images afin de respecter l’instant et le geste des stagiaires, ce montage d’archives devient un véritable acte de mémoire de collective. Tirant patiemment les fils du récit à partir des voix et des paroles des mineurs, Aaron Sievers recompose un monde et nous propose une traversée du temps où il suffit de « se mettre à l’écoute, s’asseoir dans le bistro avec eux et se laisser chambouler par leur mémoire ».
Julia Pinget
Réalisatrice