Résumé
Dans ce moyen métrage semi-documentaire “Um’s tägliche Brot. Hunger in Waldenburg” (Pour le pain quotidien. La Faim à Waldenburg), Phil Jutzi filme la détresse et la misère dans le bassin minier de Waldenburg en Basse-Silésie à la fin des années 1920.
L'avis de Tënk
Phil Jutzi est considéré comme le chef de file du "cinéma prolétarien" de la fin de la République de Weimar, un artiste important proche d'Alfred Döblin et Bertolt Brecht. En 1929 il tourna dans le bassin houiller de Waldenburg, en Basse-Silésie, le moyen métrage semi-documentaire "Um's tägliche Brot. Hunger in Waldenburg", censuré à sa sortie et ensuite considéré longtemps comme perdu. À Waldenburg, des dizaines de milliers de prolétaires meurent de faim. La censure, pour prévenir les troubles sociaux que le film pourrait éventuellement déclencher, ne permet pas que dans un film un ouvrier traite son maître de vampire, elle ne permet pas que la femme d'un ouvrier demande à son mari de repousser un propriétaire brutal venu réclamer le loyer. Les images documentaires de ce film tourné avec des habitants de la région sont brutes et authentiques, et elle s'installent dans le cadre d'une intrigue de fiction. Jutzi applique les principes formels des cinéastes russes, mais sans tirer les mêmes conclusions idéologiques que ces derniers. Il n'y a pas de scènes de studio : les travailleurs de Waldenburg et leurs familles sont filmés tels qu'ils sont et tels qu'ils vivent. Un document bouleversant sur des conditions insupportables, qui plaide résolument pour un changement.
Federico Rossin
Historien du cinéma, programmateur indépendant