Résumé
Dans les années 70, en Pologne, ils étaient partout, bien qu’essayant d’être invisibles. Ils ont enregistré le trafic de carburant, des amoureux à l’hôtel, du marché noir de produits étrangers. Le film, à base d’écoutes et d’archives, dévoile l’étendue, et parfois l’absurdité, de la surveillance des citoyens au service d’une dictature.
L'avis de Tënk
En 1956, le Service de Sécurité de Pologne remplace le Ministère de la Sécurité Publique, passant d’une logique de « terreur » à celle – plus insidieuse – de la surveillance. Pendant des années, le quotidien de la population a été espionné et enregistré, de l’espace public jusque dans la chambre à coucher. Tomasz Wolski s’empare de cette montagne d’archives sonores et filmiques déclassifiées pour raconter l’histoire d’un « pays ordinaire », où les ébats sexuels extra-conjugaux ou la commande à l’étranger d’une crème pour les hémorroïdes pouvaient constituer des preuves suffisantes pour être suspecté de dissidence. Ce système de surveillance, déjà très élaboré, vient nous rappeler qu’il ne s’agit pas ici d’une particularité du système soviétique, mais bien d’une pratique qui s’intensifie encore de nos jours, au nom de la sécurité du territoire national. Au travers de ce voyage dans le temps pas si lointain, An Ordinary Country vient porter une réflexion sur les dérives totalitaires et liberticides de la surveillance, qui rôdent encore aujourd’hui.
Aurélien Marsais
Programmateur, producteur