De longs plans se succèdent, paysages de l’ennui. Une route boisée, des rues désertes, quelques voitures, le parking d’un supermarché, deux femmes promenant leur chien, des enfants sous un arbre, un chantier… La voix de Mehdi Benallal nous accompagne dans ce retour au « pays » – ce « pays étrange » –, égrène, distante, les lieux familiers, et bientôt les premiers souvenirs. Dans une économie de mots et d’images Mehdi Benallal nous dit la haine, ordinaire, le racisme, banal, d’entre-voisinage. D’une voix si mesurée qu’elle accentue encore la puissance des mots et nous assourdit tant leur brutalité rompt le calme apparent de « Bois d’Arcy ». Et de reprendre l’inventaire jusqu’à la prison hors de laquelle déjà nous nous sentions enfermés.

Stéphanie Bartolo
Ancienne responsable des événements cinéma et littérature au Palais de la Porte Dorée