Résumé
Avec son compagnon kurde rencontré à Paris, Clarisse Hahn découvre “un pays qui n’existe pas”. C’est un pays hospitalier et généreux, mais méfiant et replié. Le spectateur partage le quotidien d’une famille au Kurdistan, avec les vieux soumis aux habitudes et à la pauvreté, les jeunes femmes sous la coupe des plus âgées, les jeunes hommes partis en France ou en Allemagne. Les jours se déroulent dans la maison – gynécée au langage cru –, dans les champs arides, dans les montagnes glaciales, dans le village où patrouillent des soldats. On croise le chamane peu scrupuleux, l’ermite en manque de sexe, le jeune homme lâché par sa fiancée via Internet, celui qui revient au pays chercher une femme (parce que “tous les garçons font ça ici”), la grand-mère et ses sangsues, la brebis égorgée et partagée avec les voisins, la bru qui n’a pas le droit d’apprendre à lire…
L'avis de Tënk
La plasticienne et cinéaste Clarisse Hahn s’expose, dans "Kurdish Lover", même si on ne la voit pas à l’image. Elle le fait en se frottant aux regards et aux dires que sa présence provoque chez les femmes et les hommes qu’elle rencontre, dans un pays "méfiant et replié", abîmé par la guerre. Elle nous permet de mesurer le poids des traditions, dans les rapports quotidiens et familiaux, dans les rites et croyances mêlant paganisme et spiritualité. C’est souvent le décalage entre ces traditions et la modernité — qui surgit avec Internet, mais surtout avec la présence de la réalisatrice — qui nous fait rire. Les habitants de ces collines se mettent à jouer un rôle, à en faire trop, comme "pour oublier qu’ils font partie d’une communauté oubliée du monde".