"Même à deux, on est seul", déclare Messner juste avant de partir à l'assaut des Gasherbrum… Ici pas de fausse camaraderie. L'alpiniste s'est choisi un équipier capable de lui permettre de réussir. Employé de son école de guides, Kammerlander reste un prolétaire de la montagne. Tout comme les sherpas, masseurs de choc ou bêtes de somme, Herzog nous les montre comme de simples rouages d'un l'exploit dont nous ne verrons quasiment rien. Car là n'est pas le sujet de "La Montagne lumineuse". Fidèle à son cinéma, le réalisateur allemand s'attache plutôt à filmer l'entêtement de Messner, sa minutie, sa conscience des risques et surtout son absolu besoin de conquête. Acte de création, folie ou pulsion de mort ? Herzog interroge tout au long du récit les motivations de cet homme qui ne cesse de parler mais reste jusqu'au bout parfaitement mystérieux. Un héros humain, bien trop humain.

Éva Tourrent
Réalisatrice, responsable artistique de Tënk